Odyssées, une exposition pour l'anniversaire de sa création au Musée national archéologique d'Athènes

 

Le 3 octobre de cette année, l'horloge du temps marquait 150 ans exactement depuis l'inauguration du plus grand musée de Grèce, le Musée archéologique national, l'un des plus importants au monde pour l'archéologie, où sont réunis des objets tirés de la terre grecque et d'ailleurs. Ce bâtiment néo-classique, sur l'avenue Patission, a été construit au 19ème siècle, d'après les plans de l'architecte allemand Ludwig Lange et fut finalement transformé par Ernst Ziller, un autre architecte, lui aussi allemand, qui a à son actif des centaines de constructions sur le territoire grec.

 

Au Musée, pas un espace qui n'ait été mobilisé pour cet anniversaire. Les musées les plus célèbres, comme le Metropolitan de New York ou le Musée national d'art occidental de Tokyo ont prêté certaines de leurs pièces pour cette importante célébration ; la cour accueille la grande installation sculpturale de Venia Dimitrakopoulou, « Remparts », tandis qu'en mai dernier, au cours d'un marathon de récitation de 12 heures, les comédiens du théâtre national donnaient à entendre la totalité des rhapsodies de l'Odyssée, au milieu des spectateurs et des objets exposés.

 

Lundi 3 octobre 1866, le musée était inauguré en présence du roi de Grèce, George 1er et d'un grand nombre de ministres et de députés. Lundi 3 octobre 2016, tel une arche chargée du précieux fardeau de notre histoire, il nous convie à un voyage à travers les incessantes tentatives des hommes pour élargir leurs horizons et trouver enfin leur « Ithaque ».

 

Cette exposition ne se propose pas de raconter à nouveau l'histoire d'Ulysse bien qu'elle soit inspirée de l'Odyssée. Il s'agit ici du long voyage de l'homme qui veut connaître de nouveaux paysages, de nouvelles expériences, fonder des cités régies par de bonnes lois et combattre le caractère éphémère de son existence par l'amour et la création.

 

Ce récit est accompagné d'extraits d'œuvres de grands poètes grecs contemporains comme C.P. Cavafys, G. Seferis, O. Elytis, Y. Ritsos ;

184 œuvres, qui proviennent de l'exposition permanente et des dépôts du Musée archéologique, et 6 prêts du musée épigraphique et du musée de l'Acropole, baignées dans une lumière bleue, comme si elles flottaient dans la mer, avec en fond le bruit des vagues et la musique de Vangelis Papathanassiou, tirée des oeuvres « ITHAQUE » et « VOICES-Dream in an Open Place ».

 

L'exposition est organisée autour de trois axes : le voyage, Les Ithaques, le dénouement.

 

Le voyage, inspiré de celui d'Ulysse, nous guide sur les routes de la mer, avec des maquettes de navires et des reproductions du paysage marin, à travers des œuvres de l'époque préhistorique jusqu'à la fin de la période romaine. Plus loin, des vases nous racontent les sombres aventures des hommes avec les Dieux et les héros tandis que rhytons1 en coquille d'oeufs d'Autruche et bijoux d'ambre, de faïence, d'azurite attestent le « précieux fardeau ».

 

La statue d'Ulysse, trouvée à bord de l'épave d'Anticythère, abîmée par l'eau de mer, est hébergée dans la partie « Ithaques », signifiant le retour à l'origine après l'aventure. Un îlot au milieu de la salle nous fait voyager à travers un paysage insulaire, avec un navire de Théra (Santorin) et des représentations qui mêlent dauphins, chamois et branchages. Tout autour se déploient les réalisations humaines, idées et concepts par-delà les époques, tels la religion, l'hégémonie, la guerre, la philosophie, l'art.

 

L'amour et la mort dominent la fin de ce parcours, des notions contraires mais inséparables : la fatalité est surmontée par la force renaissante de l'amour. Les statues de la Koré Phrasikleia et du Kouros de marbre qui proviennent de la municipalité de Myrrhinous, le masque mortuaire doré à l'or d'Agamemnon (projeté en vidéo) et le groupe en marbre d'Aphrodite et Pan jalonnent cet espace, symboles de l'amour ou de la mort, ces deux temps les plus intimes de l'existence humaine.

 

La fin de l'exposition a valeur de dénouement avec des œuvres qui témoignent des grandes réalisations humaines qui sont parvenues à surmonter l'usure du temps comme l'empreinte digitale d'un scribe anonyme sur une plaque de poterie trouvée à Pylos en Messénie. Enfin, les engrenages du mécanisme d'Anticythère nous saluent, et proclament le triomphe de l'esprit sur la mort tandis qu'un peu plus loin la statue de l'éternellement jeune athlète représenté les cheveux ceints du bandeau de la victoire referme notre vision afin que nous sortions glorieux de cette bataille.

 

C'est également dans cette dernière partie que se cache l'une des surprises de l'exposition : une installation réalisée par la Fondation Eugenides et qui dévoile au visiteur les constellations, chacune projetée avec son nom, telles que les vit Ulysse, au cours de son retour de l'île de Calypso, à la date présumée d'octobre 1207 av. JC.

 

Irini Tzoura    19/11/2016

Traduit par Joëlle Cantin

 

L'exposition restera en place toute cette année.

Horaires d'ouverture en hiver (jusqu'au 31/03) : lundi 10:00 – 20:00. Du mardi au dimanche : 09:00 – 16:00
Horaires d'ouverture en été (jusqu'au 31/10) : du lundi au dimanche 08:00 – 20:00

Renseignements : 213214 4891

Fax : 2108213573
email : eam@culture.gr

 

Musée archéologique d'Athènes, 1890, le 1er cliché représentant le musée par les frères Romaïdi, photographes, album photographique « Athènes, les gens, les événements ». Société d'histoire et d'ethnologie de la Grèce, Musée national d'histoire, 2012[1].

 

Source-photos : http://www.namuseum.gr/museum/pressreleases/2016/pressrelease_ODYSSEYS16-en.html

 

 

 

 

[1] Récipient servant de corne à boire ou utilisé pour les libations