top of page

Gareth Owens

La structure de la langue minoenne

 

Cela fait maintenant plus d’un siècle que l’on étudie la Crète minoenne, et depuis plus de cinquante ans l’écriture linéaire B, reconnue comme l’expression écrite de la langue grecque mycénienne. Il est donc naturel que l’intérêt se tourne vers la langue de la Crète minoenne. Grâce aux fouilles d’Evans et d’autres, grâce au déchiffrement de l’écriture linéaire B par Ventris et au travail systématique consécutif de Chadwick, mais aussi d’autres chercheurs de valeur, nous sommes maintenant en mesure de « lire » les inscriptions minoennes, en utilisant les valeurs phonétiques du linéaire B. Mais sommes-nous également en mesure de les comprendre ?  Au cours du siècle dernier, l’archéologie et l’épigraphie de l’âge du bronze nous ont mis en face d’un défi, celui de la philologie et de la linguistique égéenne.

Au cours des dix dernières années, j’ai tenté d’aborder la langue minoenne dans une perspective linguistique et d’en étudier la structure. En tant que doctorant à l’université d’Athènes j’ai eu l’occasion, au cours des trois dernières années (2001-2004) de mener à bien l’étude que je vous présente aujourd’hui, en vous invitant à ce voyage dans le labyrinthe de la Crète minoenne.

On dispose maintenant de près de 2 000 inscriptions minoennes du deuxième millénaire avant notre ère. L’écriture linéaire B mycénienne est une forme dérivée de l’écriture minoenne A utilisée par les scribes pour noter la langue grecque. Puisque nous sommes en mesure de lire et de comprendre le linéaire B, il est nous est jusqu’à un certain point possible de lire également le linéaire A et je dirai même dans la proportion d’environ 90%.

Mais puisque nous ne pouvons pas en comprendre le contenu, et que nous ne pouvons pas de ce fait les considérer comme des inscriptions grecques, il convient de vérifier si la langue minoenne peut être identifiée comme une langue apparentée, c'est-à-dire une langue qui appartient à la famille des langues indo-européennes. Cela ne constitue pas une nouvelle théorie. On a commencé de formuler des théories sur le linéaire A minoen dès l’époque du déchiffrement du linéaire B, il y a plus de cinquante ans. Ce qui vous est présenté ici, c’est une nouvelle approche d’un vieux problème. Et la question qui se pose est la suivante : est-il possible d’établir que la langue minoenne est indo-européenne ?

J’ai mis l’accent sur une étude linguistique des éléments constitutifs de la langue minoenne et sur l’étude de son vocabulaire, c'est-à-dire des mots que l’on peut reconnaître à partir de leur contenu dans la langue minoenne. Une étude de ce type fournira également un cadre et-ou un soubassement théorique qui expliquera la place de la langue minoenne dans la famille des langues indo-européennes.

Nous constatons, quand nous appliquons les valeurs phonétiques du linéaire B, que la langue minoenne peut être comparée du point de vue phonétique avec le système reconstitué pour l’indo-européen. Dans ce cas, il peut y avoir assez d’éléments qui laissent entrevoir qu’il y a encore des consonnes laryngées dans cette langue. Il est également possible de comparer morphologiquement le système indo-européen reconstitué avec le minoen, en particulier en ce qui concerne les déclinaisons des substantifs et les désinences verbales, ainsi que le genre des substantifs. Une troisième donnée est le repérage et l’identification des traits qui concernent la syntaxe de la proposition et l’ordre des mots dans celle-ci. Une quatrième donnée est l’identification à l’intérieur de la proposition d’éléments d’origine étéocrétoise et égyptienne qui constituent à leur tour des indices en faveur d’une langue indo-européenne. 

Une étude attentive de la langue minoenne, fondée sur 50 mots, nous permet de faire les observations suivantes. Il n’est bien sûr pas possible, dans une présentation comme celle-ci, de traiter de la totalité des cinquante mots. (Ce qui est fait dans le travail dont vous disposez maintenant sous forme de livre). Je ne traiterai ici que des mots présents dans le formulaire minoen des offrandes à la Grande Mère, de certains mots de contenu juridique ou agricole, qui proviennent d’Aghia Triada, et de quelques autres mots.

La recherche avait commencé, il y a seize ans, à partir de deux mots, JA-DI-KI-TE et I-DA, qui avaient été identifiés dans des inscriptions en linéaire A d’environ 1600 avant notre ère. Il s’agit vraisemblablement des noms des deux montagnes sacrées de la Crète, le Dicté et l’Ida, qui ont été mises ultérieurement en relation avec Zeus. Ces noms de montagne ont une étymologie indoeuropéenne, en rapport immédiat avec ce que nous savons de la religion minoenne. Le terme JA-DI-KI-TE vient du grec ΔΕΙΚΝΥΩ, c'est-à-dire δείχνω, montrer du doigt, DIGIT en anglais, tandis que le mot I-DA vient du grec είδα, c'est-à-dire  « βλέπω », voir, VIDEO en latin. La religion minoenne était une religion très visuelle et figurative, qui comportait l’ostension de la Grande Mère au sommet de la montagne au cours de la célébration de l’apparition de la divinité. Mais pour en revenir aux noms précis des montagnes, il convient de noter qu’on peut également trouver des éléments comparables dans d’autres langues indoeuropéennes apparentées, ce qui conduit à la conclusion que ces deux montagnes sacrées avaient déjà des dénominations indo-européennes au cours de la période minoenne.

Un autre terme qui peut être mis en relation avec le terme IDA est I-NA-/I-JA- qui provient de la même racine et correspond à l’adjectif ΙΕΡΟΣ (sacré) en grec et ISIRAH en sanscrit. Nous rencontrons une nouvelle fois des éléments indo-européens communs qui s’appliquent aux noms des montagnes sacrées.

Voici deux autres termes : JA-TA-I-WE-WA-JA et JA-SA-SA-RA-ME. Le deuxième se laisse interpréter comme Asasara-Ishassara, c'est-à-dire Astarté, connue également comme la Πότνια Θηρών, la Maîtresse des fauves de la religion minoenne, avec d’intéressants traits communs avec le hittite. Le terme JA-TA-I-WE-WA-JA se rencontre en position initiale, avec la désinence -WA-JA qui indique le genre féminin comme le –AIA homérique, tandis que la racine du mot pourrait contenir l’indo-européen *ster- pour le mot ΑΣΤΗΡ en grec, STAR en anglais, et constitue probablement une nouvelle allusion à Astarté.

Un troisième ensemble de termes est constitué par les mots I-PI-NA-MI-NA et SI-RU-TE, qu’on peut interpréter comme des qualificatifs de la Grande Mère divine. Nous pouvons voir dans le mot I-PI-NA-MI-NA les mots indo-européens pour « puissance » et « colère » et probablement le participe passif féminin. Dans le mot SI-RU-TE, la terminaison –TE dénote la personne active, c'est-à-dire la divinité elle-même. Ce que fait la divinité, c'est-à-dire SI-RU- signifie « détruit » en sanscrit, et on pourrait apercevoir un rapport avec le dieu Ḉiva. Le mot pourrait être rapproché avec ΚΕΡΑΪΖΩ qui signifie en grec « détruire », ce qui sous-entend également un certain rapport avec Zeus. Cela montre de plus que la langue minoenne appartient au groupe des langues SATEM et non, comme le grec, au groupe des langues CENTUM .

Enfin, dans le logotype minoen de la table d’offrande nous pouvons identifier deux verbes indo-européens : U-NA-KAN-NA-SI et TA-NA. Le premier contient la racine *nik- (« prendre », « vaincre », etc.) et se rencontre souvent avec la désinence –SI qui annonce probablement la deuxième personne du singulier, nous dirions à peu près en adaptant librement « Toi, Astarté, donne la victoire », entendu comme une invocation. Dans une occurrence, il y a la terminaison –TI, qui est en rapport avec le substantif PI-TE-RI, c'est-à-dire PI-TA-RA en sanscrit, ΠΑΤΕΡΕΣ en langue grecque, les Saints Pères à la troisième personne. Le deuxième verbe TA-NA se rencontre sous de nombreuses formes, plusieurs fois avec la terminaison –TI qui dénote que « ils font quelque chose ». la racine peut être mise en rapport avec le verbe ΤΕΙΝΩ de la langue grecque, ostendere en latin, qui signifie « tendre, lancer » ou « montrer », et les deux sont étroitement liés à la pratique religieuse minoenne. Ce mot pourrait également être mis en rapport avec la racine sanscrite TAN- qui signifie « tendre, raidir » à rapprocher de l’ancienne religion indienne et des mathématiques, et également du mot « γιος » quelque chose qui aurait des traits communs intéressants avec la Mère divine et les saints Pères.

La catégorie suivante de mots nous donne un matériel propice à la formulation d’hypothèses sur la nature de la langue minoenne. Il s’agit de mots à caractère juridique ou agricole qui proviennent d’Aghia Triada près de Phaistos, dans le sud de la Crète centrale.

Nous avons des mots qui signifient TOTAL et TOTAL GENERAL  (littéralement : grand total) et également neuf noms de produits agricoles. Le mot pour TOTAL découle clairement du contenu des tablettes, qui ressemblent à des pages imprimées, où figurent des listes de produit.  Il apparaît à la partie inférieure de la tablette et c’est un mot très intéressant parce qu’il apparaît sous trois formes : KU-RO, KURA et KURAI. Il semble s’agir du masculin, du féminin singulier ou du neutre pluriel et du féminin pluriel. La nature sémitique ou indo-européenne de la racine n’est pas claire, mais les désinences sont en tout cas indo-européennes et indiquent que, quel que soit celui qui utilisait ces mots, il parlait une langue indo-européenne. Nous rencontrons également le mot PO-TO-KU-RO qui signifie TOTAL GENERAL (littéralement : grand total), de nouveau en se fondant sur le contenu de la tablette, et qui est composé du mot pour total, KU-RO et du mot PO-TO pour « tout », avec des rapports évidents avec ΠΑΝΤ/ΠΟΝΤ (PANT-PONT) en grec et en tokharien. Ce type de structure des mots composés constitue en outre une caractéristique des langues indo-européennes.

A mon avis, le mot le plus important de la langue minoenne est I-DA-MA-TE qui provient de la grotte d’Arkalohori et DA-MA-TE qui a été trouvé à Kastri, dans l’île de Cythère. Il s’agit très clairement de l’agent (au sens grammatical), un mot qui se termine en –TE, qui désigne la Mère dans les inscriptions à contenu religieux et fait référence à la Grande Mère.  Le mot pour mère, MA-TE, est le mot le plus immuable dans toutes les langues indo-européennes, à l’exception du hittite où il se dit ANNA, ce qui exclut donc que l’anatolien soit la langue de la Crète minoenne. Cela fait longtemps qu’il y a un débat sur l’étymologie et l’origine de Déméter (en grec moderne : Dimitra). Il est maintenant très clair qu’il ne s’agit pas seulement de la Mère de la Terre et du mont Ida, mais qu’elle est citée dans le linéaire A de la Crète minoenne de l’an 1600 avant notre ère. Il n s’agit pas seulement de la Mère divine, mais également d’une divinité minoenne indo-européenne. La Déméter classique provient de l’I-DA-MA-TE minoenne de la Crète et il s’agit de la Mère divine qui apparaît sur la montagne sacrée de l’Ida, protectrice de la récolte et des productions agricoles qui constituent la base de l’alimentation minoenne. Ce mot composé est indo-européen, comme celui du roi mycénien ultérieur de Cnossos, Idoménée, dont le nom est mycénien et indo-européen  pour origine et signifie « la puissance de l’Ida ».

Au point où nous en sommes, il faut évoquer ce qu’ont soutenu Chadwick et d’autres savants, à savoir que la langue minoenne ne peut pas être identifiée avec la langue grecque. Il y a des ressemblances avec cette dernière, à cause principalement de sa longue présence en Crète, pendant plus de 35 siècles, mais aussi de leurs relations géographiques. La recherche a montré que la langue minoenne est plus proche du grec que de n’importe quelle autre langue indo-européenne et qu’elle ne constitue pas un dialecte grec mais un rameau distinct de la famille indo-européenne. Les deux langues constituent des dialectes de la famille proto-indo-européenne. Nous n’avons pas dans la langue minoenne de mots qui pourraient être interprétés uniquement comme des mots grecs. Il y existe en revanche des mots qu’on peut repérer également dans la langue grecque mais aussi dans d’autres langues de la même famille, comme le sanscrit, le hittite et le latin.

A ce jour, il a été possible d’interpréter morphologiquement et étymologiquement cinquante mots du vocabulaire minoen. En ce qui concerne les inscriptions complètes en linéaire A, nous pouvons, également, parvenir à des conclusions particulièrement utiles quand nous les déchiffrons en nous servant des valeurs phonétiques du linéaire B et quand nous les interprétons dans leur contenu même. Nous aboutissons de nouveau à une langue indo-européenne du deuxième millénaire avant notre ère. Nous présentons ci-dessous deux de ces inscriptions, en provenance de Giouchta (faubourg au sud d’Héraklion) et de Psychro (grotte située dans la Crète centrale, au sud de Malia).

IO Za 2

« Astarté ( ?), Dame Asasara de Dicté,

Iphinama destructrice, donne la victoire,

Ida sacrée, ils implorent »

 

PS Za 2

« Consacrée par  SE-TOI-JA (Archanès)

à JA-SA-SA-RA-ME (Astarté) »

Pour résumer, nous sommes en mesure de déchiffrer et d’interpréter cinquante mots minoens ainsi que des inscriptions de la Crète minoenne du deuxième millénaire avant notre ère. Ainsi, la Crète a connu une évolution de 10 000 de civilisation, 4 000 ans d’histoire écrite et 3 500 ans de langue grecque. De ce fait, elle constitue un terrain d’études diachroniques de très grande valeur.

Il est possible, en utilisant le hittite, le sanscrit et le grec mycénien de la deuxième moitié du deuxième millénaire, de reconstituer la famille linguistique proto-indo-européenne des environs de 8 000-7 000 avant notre ère et c’est également de cette famille que provient la langue de la Crète néolithique qui, plus tardivement, a été fixée dans les inscriptions de l’écriture linéaire A de la première moitié du deuxième millénaire.

La langue minoenne a été caractérisée comme une langue indo-européenne du type satem sur la base de l’examen de mots comme SI-RU-TE pour « destructrice »  ainsi que de similitudes avec le sanscrit dans des mots comme PI-TE-RI pour « pères ». Nous remarquons également plus de traits communs avec le grec et avec le sanscrit, comme le montre le mot « MA-TE- pour « mère », mais non, et cela de façon très claire, avec l’anatolien.  Le minoen occupe peut-être une place semblable à celle de l’arménien.

La langue minoenne est indo-européenne, elle vient de la région égéenne, ce qui est également le cas du grec, du hittite et d’autres langues de l’Anatolie, comme le louvite, etc.    –– et aussi, selon des recherches récentes, le carien. Il est également intéressant de noter que, des quatre rameaux des langues indo-européennes qui entourent la mer Egée, deux (le hittite à l’est et le grec à l’ouest) sont du type centum et deux (le thrace-phrygien-arménien au nord et le minoen au sud) sont du type satem. Cela montre que l’éclatement de la famille proto-indo-européenne qui a donné ces langues s’est probablement produit au cours d’un stade précoce qui, selon les données archéologiques, se situe dans le temps au début de la période néolithique égéenne, aux alentours de 8 000-7 000 avant notre ère.

C’est dans ce cadre théorique que nous devons examiner également la place du grec, ainsi que le problème ancien de l’arrivée des Grecs en Grèce. L’ampleur temporelle est bien plus grande que ce que nous avions antérieurement à l’esprit, s’il est vrai que le grec mycénien,  jusqu’en 1 400 avant notre ère, différait plus du hittite et du sanscrit, ses contemporains, que du grec classique, hellénistique, byzantin et moderne.

La langue grecque s’est développée en tant que langue séparée au cours de la période néolithique à partir d’un dialecte de la famille proto-indo-européenne et cette élaboration s’est probablement faite dans l’espace helladique. L’identification du minoen comme une langue indo-européenne égéenne a donné une plus grande profondeur temporelle à la théorie qui affirme la présence préhistorique dans la zone égéenne de langues indo-européennes, dont le hittite et le grec.

On décèle les racines de la langue minoenne dans la langue des habitants néolithiques de la Crète qui ont apporté un dialecte de la famille proto-indo-européenne aux alentours de 8 000-7 000 avant notre ère. Presque isolé, ce dialecte a évolué vers une langue indo-européenne séparée, qui a cependant subi, surtout dans son vocabulaire, des influences du grec tandis qu’elle conserve encore des similitudes avec les langues du type satem, comme le sanscrit et l’arménien.

Le présent travail a d’abord analysé puis ensuite vérifié la structure et le vocabulaire de la langue minoenne, et proposé l’interprétation complète d’inscriptions minoennes qu’on peut désormais comprendre dans leur contexte   archéologique et culturel comme des phrases d’une langue indo-européenne.

Je considère qu’une étude attentive de la structure de la langue minoenne et de cinquante mots de son vocabulaire nous permet d’affirmer que la langue minoenne est de nature indo-européenne. Nous disposons de suffisamment d’éléments de preuve qui nous montrent que la langue minoenne est une langue préhellénique, mais indo-européenne, qui a été écrite environ 600 ans avant le grec mycénien, le sanscrit et le hittite.

La langue minoenne est très clairement un stade primitif de l’indo-européen (environ 2 000-1 400 avant notre ère) présentant de fortes connexions avec le grec, l’arménien et le sanscrit, qui sont également des rameaux de la même famille de langues, les langues indo-européennes.

 

Source : https://teicrete.gr/daidalika/documents/labyrinth_book/script.pdf

 

Texte traduit par Jean-Michel Petot  (Etudiant de la Faculté des Lettres Etrangères Appliquées – LEA, dans le cadre du cours « Traduction spécialisée » 2015-2016, chargée de cours : Maria Thermou)

 

 

Γκάρεθ Όουενς

Η ΔΟΜΗ ΤΗΣ ΜΙΝΩΙΚΗΣ ΓΛΩΣΣΑΣ [1]

 

Η μινωική Κρήτη μελετάται πάνω από έναν αιώνα τώρα, ενώ η Γραμμική Β Γραφή, ως γραπτή έκφραση της μυκηναϊκής ελληνικής γλώσσας, για πενήντα και πλέον χρόνια. Είναι, λοιπόν, φυσικό το ενδιαφέρον να στραφεί προς τη γλώσσα της μινωικής Κρήτης. Ως αποτέλεσμα των ανασκαφών του Έβανς και άλλων, της αποκρυπτογράφησης της Γραμμικής Β Γραφής από τον Βέντρις και της επακόλουθης συστηματικής εργασίας του Τσάντγουικ, αλλά και άλλων επίσης αξιόλογων μελετητών, είμαστε τώρα σε θέση να “διαβάζουμε” τις μινωικές επιγραφές, κάνοντας χρήση των φωνητικών αξιών της Γραμμικής Β. Είμαστε, όμως, και σε θέση να τις κατανοούμε; Η αρχαιολογία και η επιγραφική της Εποχής του Χαλκού, τον τελευταίο αιώνα, μας έχει φέρει μπροστά σε μια πραγματική πρόκληση της Αιγαιακής Φιλολογίας και Γλωσσολογίας.

Τα τελευταία 10 χρόνια προσπαθώ να προσεγγίσω “γλωσσολογικά” τη μινωική γλώσσα και να μελετήσω τη δομή της. Όντας μεταπτυχιακός φοιτητής του Πανεπιστημίου Αθηνών, τα τελευταία τρία χρόνια (2001-2004), είχα την ευκαιρία να ολοκληρώσω τη μελέτη μου και σας την παρουσιάζω σήμερα, καλώντας σας σε αυτό το ταξίδι μέσα στο λαβύρινθο της μινωικής Κρήτης.

Υπάρχουν μέχρι σήμερα 2000 μινωικές επιγραφές της 2ης χιλιετίας π.Χ.. Η Μυκηναϊκή Γραμμική Β Γραφή αποτελεί μια προσαρμογή της Μινωικής Γραμμικής Α που χρησιμοποιήθηκε από τους γραφείς προκειμένου να καταγράψουν την ελληνική γλώσσα. Αφού, λοιπόν, είμαστε σε θέση να διαβάζουμε και να κατανοούμε τη Γραμμική B, είναι εφικτό, σε κάποιο βαθμό, να διαβάσουμε και τη Γραμμική Α και μάλιστα σε ποσοστό περίπου 90%.

Εφόσον, όμως, αδυνατούμε να κατανοήσουμε το περιεχόμενό τους, επομένως να τις αναγνωρίσουμε ως ελληνικές επιγραφές, τότε είναι προτιμότερο να ελέγξουμε εάν η μινωική γλώσσα μπορεί να ταυτιστεί ως μια συγγενής γλώσσα, που

δηλαδή στην ινδοευρωπαϊκή οικογένεια γλωσσών. Κάτι τέτοιο δεν αποτελεί καινούργια θεωρία. Θεωρίες για τη Μινωική Γραμμική Α άρχισαν να διατυπώνονται ήδη από την εποχή της αποκρυπτογράφησης της Γραμμικής Β, πριν από 50 περίπου χρόνια. Αυτό που παρουσιάζεται εδώ είναι μια νέα προσέγγιση σε ένα παλιό πρόβλημα. Και το ερώτημα που τίθεται είναι: Μπορεί μια μελέτη να αναγνωρίσει τη μινωική γλώσσα ως ινδοευρωπαϊκή;

Το βάρος δόθηκε σε μια γλωσσολογική μελέτη των στοιχείων που απαρτίζουν τη μινωική γλώσσα και σε μια μελέτη του λεξιλογίου της, δηλαδή των λέξεων που μπορούν να αναγνωριστούν με βάση το περιεχόμενό τους μέσα στη μινωική γλώσσα. Από μια τέτοια προσέγγιση θα προκύψει και το θεωρητικό υπόβαθρο/πλαίσιο που θα εξηγήσει τη θέση της μινωικής γλώσσας μέσα στην ινδοευρωπαϊκή οικογένεια γλωσσών.

Διαπιστώνουμε, ότι η μινωική γλώσσα μπορεί φωνολογικά να συγκριθεί με το αναμορφωμένο σύστημα για την πρωτο-ινδοευρωπαϊκή με τη μεταφορά φωνητικών αξιών της Γραμμικής Β. Σε αυτή την περίπτωση, μπορεί να υπάρχουν επαρκή στοιχεία που να υποδηλώνουν ακόμη την ύπαρξη λαρυγγικών φθόγγων μέσα στη γλώσσα. Είναι επίσης εφικτό να συγκρίνουμε μορφολογικά το αναμορφωμένο ινδοευρωπαϊκό σύστημα με το μινωικό, ειδικότερα όσον αφορά στις πτώσεις ουσιαστικών και στις ρηματικές καταλήξεις, ακόμη και στο γένος των ουσιαστικών. Ένα τρίτο δεδομένο είναι η διάκριση και αναγνώριση στοιχείων που αφορούν στη σύνταξη της πρότασης και τη σειρά των λέξεων μέσα σε αυτήν. Τέταρτο δεδομένο αποτελεί η αναγνώριση μέσα στην πρόταση στοιχείων από ετεοκρητικές και αιγυπτιακές πηγές, που με τη σειρά τους αποτελούν ενδείξεις μιας ινδοευρωπαϊκής γλώσσας.

Μια ενδελεχής μελέτη της μινωικής γλώσσας που βασίζεται σε 50 λέξεις μάς επιτρέπει να κάνουμε τις παρακάτω παρατηρήσεις. Δεν είναι, βέβαια, εφικτό σε μια τέτοια παρουσίαση να αναφερθούμε και στις 50 λέξεις. (Αυτό γίνεται στην εργασία που έχετε τώρα με τη μορφή βιβλίου, ενώ περίληψη του καταλόγου με τις λέξεις υπάρχει στο σχετικό παράρτημα στο τέλος του τόμου.) Εδώ θα αναφερθώ μονάχα στις λέξεις του Μινωικού Λογότυπου Προσφορών στη Μεγάλη Μητέρα και σε κάποιες, διοικητικού και αγροτικού περιεχομένου, λέξεις που προέρχονται από την Αγία Τριάδα, καθώς και σε μερικές άλλες.

Η έρευνα, πριν από 16 χρόνια, είχε ξεκινήσει από δύο λέξεις, JA-DI-KI-TE και I-DA, που εντοπίστηκαν σε επιγραφές της Γραμμικής Α, περίπου στα 1600 π.Χ.. Πρόκειται μάλλον για τις ονομασίες των δύο ιερών βουνών της Κρήτης, της Δίκτης και της Ίδας, που αργότερα συνδέθηκαν με τον Δία. Τα ορωνύμια αυτά βασίζονται σε ινδοευρωπαϊκή ετυμολογία, άμεσα σχετιζόμενη με ό,τι γνωρίζαμε σχετικά για τη μινωική θρησκεία. Ο όρος JA-DI-KI-TE προέρχεται από το ελληνικό ΔΕΙΚΝΥΩ, δηλαδή ‘δείχνω’, DIGIT στην Αγγλική, ενώ η λέξη I-DA προέρχεται από το ελληνικό ΕΙΔΑ, δηλαδή ‘βλέπω’, VIDEO στη Λατινική. Η μινωική θρησκεία ήταν πολύ οπτική/παραστατική, όπου κατά την αναπαράσταση της επιφάνειας της θεότητας γινόταν η παρουσίαση της Μεγάλης Μητέρας στην κορυφή του βουνού. Αλλά για να επανέλθουμε στις συγκεκριμένες ονομασίες των βουνών, αξίζει να σημειωθεί ότι συγκριτικά στοιχεία μπορεί να εντοπισθούν και σε άλλες συγγενείς ινδοευρωπαϊκές γλώσσες, για να καταλήξουμε στο συμπέρασμα ότι τα δύο αυτά ιερά βουνά είχαν ήδη από τη Μινωική Περίοδο ινδοευρωπαϊκές ονομασίες.

Ένας άλλος όρος που εντοπίστηκε μαζί με τον όρο I-DA είναι ο I-NA-/I-JA- που προέρχεται από την ίδια ρίζα και δηλώνει το επίθετο ΙΕΡΟΣ στην Ελληνική και ISIRAH στα Σανσκριτικά. Για άλλη μια φορά εντοπίζουμε κοινά ινδοευρωπαϊκά στοιχεία που περιγράφουν ιερά ορωνύμια.

Άλλοι δύο όροι είναι οι: JA-TA-I-WE-WA-JA και JA-SA-SA-RA-ME. Ο δεύτερος ερμηνεύεται ως Asasara/Ishassara, δηλαδή Αστάρτη, γνωστή και ως Πότνια Θηρών της μυκηναϊκής θρησκείας, με ενδιαφέροντα κοινά στοιχεία με τη Χεττιτική. Ο όρος JA-TA-I-WE-WA-JA απαντάται σε αρχική θέση, με κατάληξη –WA-JA που δηλώνει θηλυκό γένος όπως το ομηρικό –ΑΙΑ, ενώ η ρίζα της λέξης μπορεί να περιέχει το ινδοευρωπαϊκό *ster- για τη λέξη ΑΣΤΗΡ στην Ελληνική, STAR στην Αγγλική, και πιθανόν να αποτελεί άλλη μια αναφορά στην Αστάρτη.

Μια τρίτη ομάδα όρων είναι οι λέξεις I-PI-NA-MI-NA και SI-RU-TE, που μπορούν να ερμηνευθούν ως επίθετα της θεϊκής Μεγάλης Μητέρας. Στη λέξη Ι-ΡΙ-ΝΑ-ΜI-NA μπορούμε να δούμε τις ινδοευρωπαϊκές λέξεις για ‘δύναμη’ και ‘θυμό’ και πιθανόν το θηλυκό της παθητικής μετοχής. Στη λέξη SI-RU-TE, η κατάληξη –ΤΕ δηλώνει το ενεργούν πρόσωπο, δηλαδή την ίδια τη θεότητα. Αυτό που κάνει η θεότητα, δηλαδή SI-RU–, σημαίνει ‘καταστρέφει’ στα Σανσκριτικά, και κάποιος θα μπορούσε να διακρίνει σχέσεις με τη θεότητα Shiva. Η λέξη μπορεί να συγκριθεί με το ΚΕΡΑΪΖΩ στα Ελληνικά που σημαίνει ‘καταστρέφω’, υποδηλώνοντας επίσης κάποια σχέση με τον Δία. Δείχνει, επίσης, ότι η μινωική γλώσσα ανήκει στην ομάδα των satem γλωσσών και όχι, όπως η Ελληνική, σε αυτή των centum[2].

Τέλος, στο Μινωικό Λογότυπο της τράπεζας προσφορών μπορούμε να αναγνωρίσουμε δύο ινδοευρωπαϊκά ρήματα: U-NA-KA-NA-SI και TA-NA–. Το πρώτο απ’ αυτά έχει τη ρίζα *nik- (‘καταλαμβάνω’, ‘νικάω’ κ.λπ.) και συχνά εντοπίζεται με την κατάληξη –SI, δηλώνοντας έτσι προφανώς το β΄ ενικό πρόσωπο, δηλαδή θα λέγαμε σε ελεύθερη απόδοση: “Εσύ, Αστάρτη, Δώσε Νίκη”, ως μια επίκληση. Σε μια περίπτωση υπάρχει η κατάληξη –ΤΙ, που συσχετίζεται με το ουσιαστικό PI-TE-RI, δηλαδή PITARA στα Σανσκριτικά, ΠΑΤΕΡΕΣ στην ελληνική γλώσσα, Άγιοι Πατέρες στο γ΄ πρόσωπο. Το δεύτερο ρήμα ΤΑ-ΝΑ– συναντάται σε πολλές παραλλαγές, μερικές φορές με την κατάληξη –ΤΙ και δηλώνει ότι ‘αυτοί κάνουν κάτι’. Η ρίζα μπορεί να συσχετισθεί με το ρήμα ΤΕΙΝΩ της ελληνικής γλώσσας, OSTENDERE στη Λατινική που σημαίνει ‘τεντώνω’ ή ‘δείχνω’, και τα δύο συνδεόμενα στενά με τη μινωική θρησκευτική πρακτική. Η λέξη μπορεί ακόμη να συνδεθεί με τη σανσκριτική ρίζα ΤΑΝ– που σημαίνει ‘τεντώνω’ με συσχετισμούς με την αρχαία ινδική θρησκεία και τα μαθηματικά, ή ακόμη και τη λέξη ‘γιος’ – κάτι που θα είχε ενδιαφέροντα κοινά σημεία με τη Θεϊκή Μητέρα και τους Άγιους Πατέρες.

Η επόμενη κατηγορία λέξεων μας δίνει πρόσφορο υλικό προκειμένου να διατυπώσουμε σκέψεις σχετικά με τη φύση της μινωικής γλώσσας. Πρόκειται για λέξεις διοικητικού ή αγροτικού χαρακτήρα που προέρχονται από την Αγία Τριάδα κοντά στη Φαιστό, στη Νότια Κεντρική Κρήτη.

Έχουμε λέξεις για το ΣΥΝΟΛΟ και το ΜΕΓΑ ΣΥΝΟΛΟ, και ακόμη 9 λέξεις για αγροτικά προϊόντα. Η λέξη για το ΣΥΝΟΛΟ, καθαρά με βάση το περιεχόμενο των πινακίδων, τύπου σελίδας, όπου περιλαμβάνονται λίστες προϊόντων, εμφανίζεται στο κάτω μέρος και είναι πολύ ενδιαφέρουσα ως λέξη, αφού εμφανίζεται σε τρεις τύπους: KU-RO, KURA και KURAI. Φαίνεται, ότι πρόκειται για το αρσενικό, το θηλυκό ενικού αριθμού ή και το ουδέτερο πληθυντικού αριθμού, και το θηλυκό πληθυντικού αριθμού. Δεν είναι ξεκάθαρο, εάν η ρίζα είναι σημιτική ή ινδοευρωπαϊκή, οι καταλήξεις πάντως είναι ινδοευρωπαϊκές και δείχνουν ότι όποιος και αν χρησιμοποίησε αυτές τις λέξεις μιλούσε μια ινδοευρωπαϊκή γλώσσα. Απαντάμε επίσης τη λέξη PO-TO-KU-RO, που σημαίνει ΜΕΓΑ ΣΥΝΟΛΟ, πάλι με βάση το περιεχόμενο της πινακίδας, και αποτελείται από τη λέξη για το σύνολο, KU-RO, και τη λέξη PO-TO για το ‘όλον’, με σαφείς σχέσεις προς το ΠΑΝΤ/ΠΟΝΤ στα Ελληνικά και Τοχαρικά. Ο τρόπος αυτός δομής σύνθετων λέξεων αποτελεί ακόμη ένα χαρακτηριστικό των ινδοευρωπαϊκών γλωσσών.

Η πιο σημαντική λέξη, κατά τη γνώμη μου, στη μινωική Κρήτη είναι η I-DA-MA-TE, που προέρχεται από το Σπήλαιο του Αρκαλοχωρίου, και η DA-MA-TE που βρέθηκε στο Καστρί των Κυθήρων. Πρόκειται ξεκάθαρα για ‘ενεργούν πρόσωπο’, λέξη η οποία λήγει σε –ΤΕ και δηλώνει τη Μητέρα σε επιγραφές με θρησκευτικό περιεχόμενο, αναφέρεται δε στη Μεγάλη Μητέρα. Η λέξη για τη Μητέρα, ΜΑ-ΤΕ, είναι η πιο σταθερή λέξη σε όλες τις ινδοευρωπαϊκές γλώσσες, με εξαίρεση τη Χεττιτική όπου είναι ΑΝΝΑ, αποκλείοντας κατ’ αυτόν τον τρόπο την Ανατολική ως γλώσσα της μινωικής Κρήτης. Εδώ και πολύ καιρό γίνεται συζήτηση για την ετυμολογία και προέλευση της Δήμητρας. Είναι τώρα εμφανές, ότι πρόκειται όχι μόνο για τη Μητέρα της Γης ή του όρους Ίδη, αλλ’ ότι αναφέρεται και στη Γραμμική Α του 1600 π.Χ. στη μινωική Κρήτη. Δεν αποτελεί μονάχα τη θεϊκή Μητέρα, αλλά επίσης και μια μινωική ινδοευρωπαϊκή θεότητα. Ένας συνδυασμός ινδοευρωπαϊκής ετυμολογίας και μινωικής εικονογραφίας μπορεί να μας εξηγήσει τη μινωική γλώσσα. Η κλασική Δήμητρα προέρχεται από τη μινωική I-DA-MA-TE της (μινωικής) Κρήτης και πρόκειται για τη θεϊκή Μητέρα που εμφανίστηκε στο ιερό βουνό Ίδη, ως προστάτιδα της σοδειάς και των αγροτικών προϊόντων τα οποία αποτελούσαν άλλωστε τη βάση της μινωικής διατροφής. Η σύνθετη αυτή λέξη είναι ινδοευρωπαϊκή, όπως και αυτή του μετέπειτα μυκηναίου βασιλιά της Κνωσού Ιδομενέως, που το όνομά του είναι μινωικό και ινδοευρωπαϊκό στην προέλευση και σημαίνει τη ‘δύναμη της Ίδας’.

Στο σημείο αυτό θα πρέπει να αναφερθεί εκείνο που υποστηρίχθηκε από τον Τσάντγουικ και άλλους μελετητές, ότι δηλαδή η μινωική γλώσσα δεν μπορεί να ταυτιστεί με την ελληνική. Υπάρχουν και γίνονται συγκρίσεις με αυτήν εξαιτίας κυρίως της μακράς παρουσίας της, επί 35 αιώνες, στην Κρήτη, αφενός, αλλά και λόγω της γεωγραφικής τους σχέσης, αφετέρου. Η έρευνα απέδειξε ότι η μινωική γλώσσα σχετίζεται με την ελληνική περισσότερο από κάθε άλλη ινδοευρωπαϊκή γλώσσα, χωρίς να αποτελεί μια άλλη ελληνική διάλεκτο αλλά ένα χωριστό παρακλάδι της ινδοευρωπαϊκής οικογένειας. Και οι δύο γλώσσες αποτελούν διαλέκτους της πρώτο-ινδοευρωπαϊκής οικογένειας γλωσσών. Στη μινωική γλώσσα δεν έχομε λέξεις που θα μπορούσαν να ερμηνευθούν μόνον ως ελληνικές. Αντίθετα, υπάρχουν λέξεις που εντοπίζονται και στην ελληνική γλώσσα αλλά και σε άλλες, όπως τη σανσκριτική και τη χεττιτική, τη λατινική, της ίδιας οικογένειας.

Μέχρι τώρα έχει καταστεί δυνατό να ερμηνεύουμε ετυμολογικά και μορφολογικά 50 λέξεις του μινωικού λεξιλογίου. Αναφορικά τώρα με ολόκληρες/πλήρεις επιγραφές της Γραμμικής Α, μπορούμε, και σε αυτήν την περίπτωση, να καταλήξουμε σε ιδιαίτερα χρήσιμα συμπεράσματα, όταν τις “διαβάζουμε” κάνοντας χρήση των φωνητικών αξιών της Γραμμικής Β, και να τις ερμηνεύσουμε μέσα στο ίδιο τους το περιεχόμενο. Πάλι καταλήγουμε σε μια ινδοευρωπαϊκή γλώσσα της 2ης χιλιετίας π.Χ.. Δύο τέτοιες επιγραφές παρουσιάζονται εδώ (από τον Γιούχτα και το Ψυχρό):

IOZa 2

“Αστάρτη(;), Κυρία Ασάσαρα της Δίκτης,

Ιφινάμα καταστροφέα, δώσε νίκη,

Ιερή Ίδα, ικετεύουν”.

PSZa 2

“Αφιερωμένη από SE-TO-I-JA (Αρχάνες)

στη JA-SA-SA-RA-ME (Αστάρτη)”

Συνοψίζοντας, είμαστε σε θέση να διαβάσουμε και να ερμηνεύσουμε 50 μινωικές λέξεις, όπως επίσης και επιγραφές από την Κρήτη της δεύτερης χιλιετίας π.Χ.. Έτσι, η Κρήτη καταγράφει μια πορεία 10.000 χρόνων πολιτισμού, 4.000 χρόνων γραπτής ιστορίας και 3.500 χρόνων ελληνικής γλώσσας. Γι’ αυτό αποτελεί ένα πολύτιμο και διαχρονικό γλωσσικό εργαστήρι.

Χρησιμοποιώντας Χεττιτικά, Σανσκριτικά και Μυκηναϊκά Ελληνικά του β΄ μισού της 2ης χιλιετίας, είναι δυνατή η ανασύσταση της πρώτο-ινδοευρωπαϊκής οικογένειας γλωσσών, π. 8-7.000 π.Χ., και είναι από αυτήν την οικογένεια που προέρχεται η γλώσσα της Νεολιθικής Κρήτης και που αρκετά αργότερα καταγράφτηκε στις επιγραφές της Γραμμικής Γραφής Α του α΄ μισού της 2ης χιλιετίας.

Η μινωική γλώσσα έχει αναγνωριστεί ως μια satem ινδοευρωπαϊκή γλώσσα, βάσει λέξεων όπως η SI-RU-TE για τον ‘καταστροφέα’, καθώς και ομοιοτήτων με τα Σανσκριτικά σε λέξεις όπως η PI-TE-RI για τους ‘πατέρες’. Παρατηρούνται, επίσης, περισσότερο κοινά λεξικογραφικά σημεία με τα Ελληνικά και με τα Σανσκριτικά, όπως δείχνει η λέξη ΜΑ-ΤΕ για τη ‘Μητέρα’, και όχι σαφέστατα με τα Ανατολικά, κατέχοντας μια θέση παρόμοια ίσως με των Αρμενικών.

Η μινωική γλώσσα είναι ινδοευρωπαϊκή, προερχόμενη από την περιοχή του Αιγαίου, όπως άλλωστε συμβαίνει με την ελληνική, τη χεττιτική και άλλες γλώσσες της Ανατολίας, όπως είναι η λουβική κ.λπ., και σύμφωνα με πρόσφατες έρευνες και η καρική. Είναι επίσης ενδιαφέρον, ότι από τους τέσσερεις κλάδους των ινδοευρωπαϊκών γλωσσών γύρω από το Αιγαίο, δύο (Χεττιτικά στα ανατολικά και Ελληνικά στα δυτικά) είναι centum και δύο (Θρακικά–Φρυγικά–Αρμενικά στο βορρά και Μινωικά στα νότια) είναι satem, δείχνοντας έτσι ότι η διάσπαση της πρώτο-ινδοευρωπαϊκής οικογένειας σε αυτές τις γλώσσες πιθανόν να έγινε σε πρώιμο στάδιο που σύμφωνα με αρχαιολογικά δεδομένα τοποθετείται χρονολογικά στις απαρχές της Νεολιθικής Περιόδου στο Αιγαίο, περίπου στα 8-7.000 π.Χ..

Μέσα σε αυτό το θεωρητικό πλαίσιο θα πρέπει να δούμε και τη θέση των Ελληνικών, καθώς και το παλιό πρόβλημα που αφορά στον ερχομό των Ελλήνων στην Ελλάδα. Το εύρος του χρόνου είναι πολύ μεγαλύτερο απ’ ό,τι είχαμε πριν στο νού μας, εάν πράγματι τα Μυκηναϊκά Ελληνικά, ώς το 1400 π.Χ., διαφέρουν πιο πολύ από τα σύγχρονα Χεττιτικά και Σανσκριτικά παρά από τα Ελληνικά της Κλασικής, Ελληνιστικής, Βυζαντινής ή Νεοελληνικής Περιόδου.

Η ελληνική γλώσσα εξελίχθηκε από μια διάλεκτο της πρώτο-ινδοευρωπαϊκής οικογένειας σε μια ξεχωριστή γλώσσα κατά τη Νεολιθική Περίοδο, και μάλλον μια τέτοια διεργασία σημειώθηκε στον ελλαδικό χώρο. Η ταύτιση της Μινωικής ως μιας ινδοευρωπαϊκής γλώσσας του Αιγαίου, έχει δώσει μεγαλύτερο χρονικό βάθος στη θεωρία που αφορά στην προϊστορία των ινδοευρωπαϊκών γλωσσών του Αιγαίου, συμπεριλαμβανομένων των Χεττιτικών και των Ελληνικών.

Οι ρίζες της μινωικής γλώσσας ανιχνεύονται στη γλώσσα των νεολιθικών κατοίκων της Κρήτης, οι οποίοι έφεραν μια διάλεκτο της πρώτο-ινδοευρωπαϊκής οικογένειας περίπου στα 8-7.000 π.Χ.. Η διάλεκτος αυτή αναπτύχθηκε, σχεδόν απομονωμένη, σε μια ξεχωριστή ινδοευρωπαϊκή γλώσσα, που δέχθηκε ωστόσο επιδράσεις, κυρίως στο λεξιλόγιο, από την ελληνική γλώσσα, ενώ διατηρούσε ακόμη ομοιότητες με satem γλώσσες, όπως τα Σανσκριτικά και τα Αρμενικά.

Η παρούσα εργασία έχει αναλύσει αρχικά, και ελέγξει στη συνέχεια, τη δομή και το λεξιλόγιο της μινωικής γλώσσας, προσφέροντας ερμηνείες σε πλήρεις μινωικές επιγραφές, που μπορούν πλέον να κατανοηθούν ως προτάσεις μιας ινδοευρωπαϊκής γλώσσας μέσα στο αρχαιολογικό και πολιτιστικό περιεχόμενό τους.

Θεωρώ, ότι μια προσεκτική μελέτη της δομής της μινωικής γλώσσας και των 50 λέξεων του λεξιλογίου της, μας επιτρέπει να ταυτίσουμε τη μινωική γλώσσα ως ινδοευρωπαϊκή στη φύση της. Έχουμε στη διάθεσή μας επαρκή αποδεικτικά στοιχεία, τα οποία μας φανερώνουν ότι η μινωική γλώσσα είναι μια προ-ελληνική γλώσσα, αλλά ινδοευρωπαϊκή, που καταγράφτηκε 600 περίπου χρόνια πριν από τα Μυκηναϊκά Ελληνικά, τα Σανσκριτικά και τα Χεττιτικά.

Η μινωική γλώσσα είναι ένα σαφέστατο πρωϊμότερο στάδιο της ινδοευρωπαϊκής (π.2.000-1.400 π.Χ.) με ισχυρούς δεσμούς με την Ελληνική, την Αρμενική και τη Σανσκριτική, επίσης κλάδους της ίδιας οικογένειας γλωσσών, της ινδοευρωπαϊκής.

 

Πηγή: : https://teicrete.gr/daidalika/documents/labyrinth_book/script.pdf

 

[1]Σύντομη μορφή της ομιλίας κατά την υποστήριξη της διδακτορικής μου διατριβής (2004) στον Γλωσσολογικό Τομέα του Τμήματος Φιλολογίας της Φιλοσοφικής Σχολής του Εθνικού και Καποδιστριακού Πανεπιστημίου Αθηνών.

 

 

[2]Στις centum γλώσσες περιλαμβάνονται η Κελτική, η Ιταλική, η Γερμανική, η Ελληνική, η Χεττιτική και η Τοχαρική. Το όνομα προκύπτει από την ινδοευρωπαϊκή (ΙΕ) λέξη για το ‘100’, το οποίο αρχίζει με /h/ ή /c/-/k/. Π.χ. λατινικό centum, ελληνικό ἑκατόν, παλαιό ιρλανδικό cēt, γοτθικό hund, κ.τ.λ.. Στις satem γλώσσες περιλαμβάνονται η Ινδο-Ιρανική, η Βαλτο-Σλαβική και η Αρμενική. Το όνομα προκύπτει πάλι από την ΙΕ λέξη για το ‘100’, το οποίο αρχίζει με /s/. Π.χ. το αβεστικό satem, το σανσκριτικό sátám, το παλαιό εκκλησιαστικό σλαβονικό sŭto, το λιθουανικό šimtas, κ.τ.λ..

Un magazine franco-grec / Ένα γαλλοελληνικό περιοδικό

Clique, lis, écoute / Κλίκαρε, διάβασε, άκουσε

bottom of page