(A partir de l'exemple de l'Ecole archéologique française, quelques notes sur l'histoire moderne d'Athènes.)

 

La note d'élégance française à Athènes*

 

Située dans un bâtiment exemplaire de l'architecture romantique, elle célèbre ses 170 ans de présence et d’action dans notre pays. C’est la première faculté archéologique construite en Grèce après sa libération du joug ottoman, et c'est aussi la première fondée par la France à l'étranger, en raison de l’important climat philhellène qui régnait alors à Paris.

Elle possède peut-être la plus belle enceinte de la capitale, verdoyante et parsemée de grands arbres. D’autre part, elle cache un jardin tout aussi élégant ainsi qu’un ensemble de bâtiments que l'on considère, à juste titre, parmi les plus intéressants de Neapoli et qui, de pair avec l’Institut voisin, apportent une note française au centre d'Athènes.

La construction du bâtiment principal a été achevée en 1873 ; c'est le troisième et dernier lieu de déménagement de l'école archéologique française, qui compte déjà 170 ans d'existence dans notre pays.

Elle a été crée en 1846 par décret du gouvernement français, après une suite de démarches à l'initiative de philhellènes qui, arrivés dans notre pays au début du 19ème siècle, avaient joué un rôle clé dans la lutte pour la libération de l'occupation ottomane.

La contribution d’I. Kolettis (1774-1847) fut d’une grande importance. Ce dernier, à l’époque ambassadeur de Grèce à Paris, était connu pour ses liens avec les protagonistes de la scène politique française.

 

La première école

Elle fut non seulement la première école française à l’étranger-suivie par celles de Rome, du Caire, de l’Inde ainsi que de Madrid- mais elle est aussi la plus ancienne d’une série de 17 écoles archéologiques étrangères implantées en Grèce, comme l’école américaine (1882), allemande, (1884) anglaise (1886) et autrichienne (1888). Au cours de leur longue présence dans notre pays, les archéologues français ont pris part à d'importantes fouilles à Argos, Délos, Delphes, Phillipes, Malia et Itanos en Crète. Mais de plus, les Grecs, en dépit de la forte présence bavaroise autour du (roi) Othon, ont entretenu avec la France des relations multiples, reposant tant sur le commerce que sur le secteur culturel.

 

La propriété

La première école fut installée dans le palais de Gennadios, à l'intersection de la rue

Ακαδημιας (Acadimias) et de la rue Τρικουπη (Trikoupi) qui, jusqu’en 1906 s’appelait

Pinakoton. En 1856, elle a déménagé à Sintagma, dans des appartements loués au palais Antonis Demetriou, qui fut ensuite démoli pour faire place à l'actuel hôtel "Grande Bretagne". En 1871, le terrain de 12 acres qui correspond au pâté de maisons entre les rues Διδοτου (Didotou), Σινα (Sina), Αραχωβης (Arachovis) et Πρασσα (Prassas) au pied du Lycabette, a été attribué à l’Ecole. Cette propriété fut donnée aux Français par le gouvernement grec en contrepartie de l'espace entourant le célèbre monument chorégique de Lysicrate, au cœur de Plaka. Nous ne savons pas de quelle manière le site archéologique était devenu la propriété des Français ; il faut probablement y voir un lien avec le couvent des capucins. Le journaliste Yannis Kairofylas donne (pourtant, ndt.) une autre version concernant la propriété de l'emplacement. Dans son livre "La Belle Neapoli (Nouvelle ville) et le méconnu Exarchia» il évoque les parcelles Makriyanni,couvrant toute la superficie jusqu’à la rue de Marseille, où se trouvait un cimetière ancien. Il rapporte que le combattant de 1821 les avait achetées en 1830 à un officier turc au prix d'un Kubura en argent.

Il faut rappeler que jusqu'au milieu du 19ème siècle, le quartier était très peu construit et que les artisans arrivés en nombre de tout le pays libéré pour trouver du travail, grâce à la reconstruction rapide de la capitale, s’y sont fixés. Les prix des terrains étaient très bas et c'est ainsi que s'est créé le premier noyau de banlieue avec des maisons poussées sans permis de construire. Ce fut la Nouvelle Ville, par opposition à l'ancienne, qui était limitée à la zone autour de l'Acropole. Elle a été appelée Neapoli, nom destiné à l'origine au quartier Metaxourgeio, également alors en plein développement.

 

Eugene Troump

L'architecte du bâtiment d'origine était français. Il s’agit d’Eugène Troump, venu à Athènes en 1872 pour la première fois et qui y séjourna cinq ans, tandis que la seconde fois il y resta de 1885 à 1910. Il était particulièrement aimé par les Athéniens qui, prononçant la dernière lettre de son nom, le surnommaient Troumbé. «Ses œuvres sont empreintes de dignité et d’élégance », souligne l'historien d'architecture K. Biris qui considère le bâtiment du Tribunal Militaire et le bâtiment de l’école comme exemplaires de son art. Ce dernier est situé au centre de ce terrain avantageux, et incorpore le style néoclassique aussi bien que certaines idées du baroque, que Troump a pris soin d’enrichir d'une touche personnelle moderniste. Sur la façade du bâtiment de deux étages, se détachent les portes fenêtres en plein-cintre ainsi que l’édicule sur le toit en terrasse.

 

Richesse unique des informations

Depuis sa création, l'école était le pôle d’attraction des Français qui visitaient Athènes pour enrichir leurs connaissances en archéologie. Mais nombreux étaient aussi les architectes qui venaient et représentaient, à l'aide de leur pinceau, les monuments du pays libéré. Très vite, les bâtiments se sont multipliés pour répondre aux besoins croissants, puisque la bibliothèque de l’Ecole dispose aujourd'hui de plus de 80.000 livres, 550.000 photos et 35.000 cartes. Plusieurs de ces œuvres comprennent des informations uniques sur l'histoire de la Grèce. En dépit de sa valeur architecturale et historique, ce n'est qu'en 2014 et uniquement le bâtiment d’origine qui a été classé monument historique par décision unanime du Conseil central des monuments modernes, car, comme il est mentionné, il reflète la longue histoire du philhellénisme français. Les autres bâtiments ont été exclus parce qu'ils ont subi de nombreuses interventions.

 

1. Didotou

L'entrée de l’Ecole se trouve dans la rue Διδοτου (Didotou). Il s’agit du nom hellénisé

d’Ambroise Firmin Didot (1790-1876) philologue français et ami d’Adamantios Koraïs, fondateur du Comité philhellène. Il appartenait à une famille d’imprimeurs qui possédait la grande maison d’édition (héritée de...ndt) « François » chez laquelle ont été publiés des ouvrages de tous les auteurs grecs antiques. Pour son action au cours de la révolution grecque, il fut fait citoyen d'Athènes et son nom a été donné à cette rue verdoyante de Neapoli. Il avait déclaré que «tout ce que nous avons de beau, nous le devons aux Grecs. »

 

2. Lambeti

Dans la maison de maître, à l'intersection de la rue Διδοτου (Didotou) et de la rue

Δελφων (Delphon), a vécu durant de nombreuses années l’inoubliable Ellie Lambeti.

Un buste à son effigie, réalisé en 1998, le rappelle aux passants et est l'œuvre du sculpteur Anastasios Giokas.

 

3. Les jardins anglais

Les jardins de l'école archéologique française sont particulièrement intéressants parce qu'ils ont les caractéristiques des jardins anglais. Ils donnent une impression de végétation naturelle, contrairement au style français qui privilégie l’aménagement austère et regroupe la végétation selon des formes géométriques.

 

Journal des Rédacteurs, 17/01/2016

 

* Il s'agit de l'école française d'archéologie.

 

Source : http://www.efsyn.gr/arthro/i-finetsati-pinelia-ton-gallon-stin-athina

 

Texte traduit par Magdaléna Kokonezis (Etudiante de la Faculté des Lettres Etrangères Appliquées – LEA, dans le cadre du cours  « Traduction spécialisée» 2015-2016, chargée de cours : Maria Thermou)